Institut de France

Grand Prix Scientifique 2022

Lundi 09 Mai 2022

La Fondation NRJ pour les neurosciences sous l’égide de l’Institut de France récompense la recherche sur les mécanismes physiopathologiques de la souffrance et de la mort cellulaire dans le système nerveux de patients atteints de maladies de Parkinson.


OLGA CORTI / JEAN-CHRISTOPHE CORVOL
LAURÉATS DU PRIX SCIENTIFIQUE 2022
POUR LEURS RECHERCHES PHYSIOPATHOLOGIE
MOLÉCULAIRE DE LA MALADIE DE PARKINSON


JULIA FUCHS
LAURÉAT DU PRIX SCIENTIFIQUE 2021
TRANSPOSABLE ELEMENTS IN THE PHYSIOLOGY
AND PATHOPHYSIOLOGY OF ADULT NEURONS

OLGA CORTI ET JEAN-CHRISTOPHE CORVOL

Olga Corti :
Après des études en sciences biologiques (Université de Milan) et une formation en biologie moléculaire (Institut de Neurologie C. Besta, Milan, 1990-1993), Olga Corti s’est formée au domaine de la thérapie génique expérimentale appliquée à la maladie de Parkinson dans le cadre d’une thèse en Neurosciences (Université Pierre et Marie Curie, laboratoire de Jacques Mallet, CNRS ; prix de thèse de la Société Française des Neurosciences, 2000). Au cours d’un post-doctorat, elle s’est intéressée à l’étude de la parkine, le produit d’un des premiers gènes identifiés comme responsables d’une forme familiale de maladie de Parkinson (équipe d’Alexis Brice, Inserm), avant d’être recrutée à l’Inserm en 2004. Elle est aujourd’hui directeur de recherche à l’Inserm et codirige l’équipe Physiopathologie moléculaire de la maladie de Parkinson à l’Institut du Cerveau. Ses recherches portent sur l’étude fonctionnelle de gènes responsables de formes familiales de maladie de Parkinson, leurs interactions et leurs rôles dans le contrôle de la qualité mitochondriale, la réponse au stress et l’immunité innée. Ses travaux ont contribué à éclairer le rôle de la parkine dans le maintien de la fonction mitochondriale, les conséquences de sa perte de fonction, et l’importance plus générale des mécanismes qu’elle régule dans la maladie de Parkinson.

Jean-Christophe Corvol :
En parallèle de sa formation en neurologie et pharmacologie (thèse de médecine en 2003), Jean-Christophe Corvol a suivi une formation en neurosciences fondamentales (thèse de sciences en 2005, laboratoire de Jean-Antoine Girault, Collège de France puis Institut du fer à moulin). Après un séjour post-doctoral en neurogénétique dans le laboratoire de Jorge Oksenberg (UCSF, San Francisco, USA), il a rejoint l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Sorbonne Université, APHP) en 2007 où il est aujourd’hui Professeur de Neurologie, dirige le Département de Neurologie et codirige l’équipe Physiopathologie moléculaire de la maladie de Parkinson à l’Institut du Cerveau (ICM). Ses recherches portent sur les bases moléculaires de la maladie de Parkinson et la signalisation dopaminergique dans le cerveau par une approche translationnelle, associant des études expérimentales et l’analyse de cohortes de patients. Ses travaux ont permis de mieux comprendre les mécanismes moléculaires en aval des récepteurs dopaminergiques et d’identifier les éléments-clés impliqués dans la réponse au traitement dans la maladie de Parkinson. Jean-Christophe Corvol est par ailleurs co-chair du réseau français de recherche clinique sur la maladie de Parkinson, membre du bureau de la Société Française des Mouvements Anormaux et du comité scientifique de l’European Academy of Neurology.

Projet récompensé :
Jean-Christophe Corvol et Olga Corti développent un programme de recherche intégré, axé sur la physiopathologie moléculaire de la maladie de Parkinson (MP). En s’appuyant sur la diversité biologique et clinique de la maladie, ils cherchent à éclairer les mécanismes moléculaires et cellulaires sous-jacents, leurs interactions et leurs rôles dans la progression de la maladie. Leurs travaux précédents ont contribué à élucider l’architecture génétique de la MP et à identifier un nouveau gène responsable d’une forme génétique rare. Ils ont découvert de nouveaux rôles de la voie PINK1/ parkine dans la régulation de l’interface entre la mitochondrie et le réticulum endoplasmique, et la modulation de l’import mitochondrial et la voie de l’inflammasome NLRP3. L’étude de la réponse au traitement antiparkinsonien dans des cohortes longitudinales, leur a permis de démontrer la forte prévalence de certaines complications comportementales, d’en identifier les acteurs moléculaires et de développer des modèles de prédiction clinico-génétiques. Dans leur projet, ils poursuivront la recherche des mutations causales ou associées aux profils cliniques, intégrant les données génomiques à des modèles de progression innovants. Ils exploreront leurs conséquences sur la biologie mitochondriale, la vulnérabilité au stress et l’immunité, combinant l’analyse du transcriptome codant et non codant et des modèles dérivés de cellules de patients, en particulier des neurones dopaminergiques et des mini-cerveaux intégrant la composante microgliale. Enfin, ils proposeront des modèles de stratification sur la base des mécanismes moléculaires à l’aide de biomarqueurs périphériques, et des modèles de prédiction, en utilisant des outils d’intelligence artificielle. L’originalité du projet réside dans sa focalisation sur les formes génétiques et le rôle de la mitochondrie, comme point d’entrée pour extraire des informations d’intérêt plus transversal pour la maladie de Parkinson. Leur approche, résolument translationnelle, s’attache à apporter des réponses rapides et des perspectives thérapeutiques nouvelles pour les patients, tout en s’appuyant sur une recherche expérimentale fondamentale.

JULIA FUCHS

Chargée de recherche à l’INSERM, le docteur Julia Fuchs dirige l’équipe émergente « Pathophysiologie des éléments transposables dans le cerveau » au sein du Centre Interdisciplinaire de Recherche en Biologie (CIRB) du Collège de France à Paris.
Après l’obtention de son doctorat en médecine à l’université de Göttingen (Allemagne), elle obtient une première bourse de recherche pour l’université Johns Hopkins (Baltimore, USA) où elle travaille sur la pathogénèse de la sclérose latérale amyotrophique et la maladie de Huntington. Elle poursuit ensuite un internat de Neurologie et des recherches en neuroscience à l’Université de Tübingen (Allemagne) où elle obtient son doctorat en neurosciences sur la neurogénétique de la maladie de Parkinson. Motivé par son intérêt profond pour la pathogénèse des maladies neurodégénératives, elle rejoint le laboratoire du professeur Alain Prochiantz à l’ENS puis au Collège de France à Paris. Elle y travaille sur des approches fondamentales pour identifier des nouveaux traitements de la maladie de Parkinson, qui sont actuellement en phase préclinique. Ses travaux actuels portent sur les éléments transposables et leurs rôles physiologiques et physiopathologiques dans le domaine des maladies neurodégénératives et notamment la maladie de Parkinson.
Elle est co-auteure de trois brevets et lauréate de nombreuses bourses de recherche.

Projet récompensé :
Depuis le début de ses études de médecine, le docteur Julia Fuchs s’intéresse aux dysfonctionnements des cellules neuronales dans la pathogénèse des maladies neurodégénératives. Depuis 2019, elle développe un nouvel axe de recherche, qui vise à comprendre le rôle des éléments transposables dans la physiologie et la pathophysiologie des maladies neurodégénératives liées à l’âge, comme les maladies de Parkinson et d'Alzheimer. Les éléments transposables couvrent presque la moitié du génome humain et ont (ou ont eu) le potentiel de se mobiliser, c’est à dire de changer de localisation et/ou de s’amplifier dans le génome. Anciennement considérés comme de l’« ADN poubelle », ils viennent d’être reconnus pour leur potentiel comme régulateurs des gènes et leur impact dans l’évolution des génomes dont le génome humain, et pourraient être impliqués dans certaines maladies. En effet, les éléments transposables peuvent avoir de multiples conséquences cellulaires toxiques comme notamment une instabilité génomique ou une inflammation chronique. Ses travaux ont montré que l’activation d’une famille d’éléments transposables, les LINE-1, dans les neurones dopaminergiques affectés par la dégénérescence dans la maladie de Parkinson, initient une instabilité génomique et entraînent une neurodégénérescence. En outre, l'induction d'altérations épigénétiques dans ces neurones, conduit à l’activation précoce des LINE-1 puis à la neurodégénérescence. La « dé-répression » des LINE-1, par exemple au cours du vieillissement, pourrait donc être un acteur central dans la pathogénèse des maladies neurodégénératives. Le Grand Prix scientifique de la Fondation NRJ-Institut de France va permettre à l’équipe du docteur Julia Fuchs de poursuivre cet axe de recherche original et de mieux caractériser la régulation et le mode d'action des éléments transposables au niveau moléculaire et cellulaire. Ses travaux pourraient permettre de développer de nouvelles approches thérapeutiques dans le traitement des maladies neurodégénératives.

A propos de la FONDATION NRJ :

Depuis 20 ans, la Fondation NRJ créée à l’initiative de Jean-Paul Baudecroux, Président Directeur Général de NRJ Group a récompensé plus de 130 chercheurs et continue à œuvrer pour la recherche médicale, dans le domaine des neurosciences.

La Fondation NRJ attribue chaque année un Grand Prix scientifique d’un montant de 150 000 euros destiné à récompenser et à encourager une équipe française ou européenne, travaillant dans une institution publique ou privée, et ayant acquis une notoriété internationale dans le domaine des neurosciences. Elle remet également chaque année cinq subventions de 60 000 euros à de jeunes équipes récemment constituées œuvrant en France.

Depuis 2003, la Fondation NRJ a ainsi accordé plus de 5.7 millions d’euros au titre des Prix et subventions à des équipes de recherche, et contribué au financement de travaux d’importance majeure.

Elle a ainsi, en 2003, aidé une jeune équipe de recherche dirigée par le Professeur Thomas Bourgeron (Institut Pasteur) dont les travaux ont finalement permis d’identifier l’un des premiers gènes associés à l’autisme. Cette connaissance permet maintenant de mieux comprendre les causes biologiques de l’autisme et d’explorer de nouvelles prises en charge prenant en compte les caractéristiques de chaque personne.

À propos de L’INSTITUT DE FRANCE

Créé en 1795, l’Institut de France a pour mission de proposer aux cinq Académies (française, inscriptions et belles-lettres, sciences, beaux-arts, sciences morales et politiques) un cadre harmonieux pour travailler au perfectionnement des lettres, des sciences et des arts, à titre non lucratif. Grand mécène, il encourage la recherche et soutient la création à travers la remise de prix, de bourses et de subventions (plus de 23 millions d’euros distribués chaque année par le biais de ses fondations abritées).

Placé sous la protection du Président de la République, il est également le gardien d’un important patrimoine, à commencer par le Palais du quai de Conti, quatre bibliothèques dont la bibliothèque Mazarine, ou encore de nombreuses demeures et collections qui lui ont été léguées depuis la fin du XIXe siècle. Parmi elles se trouvent le château de Chantilly, l’abbaye de Chaalis, le musée Jacquemart-André, le château de Langeais, le manoir de Kerazan ou encore la villa Kérylos.

À propos de LA CÉRÉMONIE DE REMISE DES GRANDS PRIX DE L’INSTITUT DE FRANCE

La cérémonie de remise des Grands Prix des Fondations de l’Institut de France est organisée chaque année depuis 2005. La qualité des lauréats et l’importance des montants distribués placent ces prix parmi les plus importants à l’échelle internationale dans les domaines scientifiques, culturel et humanitaire. Ce rendez-vous est également l’occasion de revenir sur l’ensemble des actions des Fondations abritées à l’Institut de France, menées dans l’année écoulée.